Depuis sa création en 2006, l’Institut littéraire suisse a été un lieu de formation pour près de cent écrivaines et écrivains. Auteures et auteurs de prose, de poésie, de pièces de théâtre ou de textes expérimentaux, qu’ils écrivent en allemand ou en français : les artistes issus de l’Institut littéraire sont devenus une partie intégrante de la relève artistique suisse.
Dès le mois d’octobre 2016, une série de manifestations marque les dix ans d’activité de l’Institut littéraire, dont :
Brisant, Publication du Jahrbuch 2016 de la HKB/HEAB (Haute école des Arts de Berne) à l’occasion des dix ans de l’Institut littéraire suisse.
Sortie en novembre 2016.
Commande de l'ouvrage : Institut littéraire suisse;
"brisant"
Französisch – Brandungswelle, Klippe, Riff und brechend, brüchig
Allemand – très actuel, important, urgent, au contenu potentiellement délicat, dangereux, conflictuel voire explosif dans une discussion.
A partir du faux ami brisant, des trios d’œuvres brèves constituent les différents chapitres du Jahrbuch. Dans chaque trio, un-e auteur-e et son texte littéraire ou un-e artiste et son œuvre lancent une collaboration avec un-e deuxième artiste ou auteur-e, qui réagit à cette impulsion, en élaborant une œuvre dans son domaine (pièce musicale, installation visuelle ou sonore, image(s), performance ou texte littéraire) et le met ensuite à la disposition du ou de la troisième créateur/créatrice, qui termine cette série en ajoutant son texte/son œuvre à cette collaboration en enfilade.
Ces interactions littéraires et artistiques mettent en évidence, chacune à sa manière, le potentiel des échanges et de l’inattendu dans les processus de création qui sont au centre des formations de la HKB. Le Jahrbuch est le point de rencontres de plusieurs pratiques, dans plusieurs langues. Les textes sont résolument littéraires (récits, poésie, spoken word ou textes dialogués). Le Jahrbuch 2016 est un travail collectif, célébrant les différences voire les divergences ; il reflète aussi les pratiques diversifiées des auteur-e-s proches de l’Institut littéraire suisse et l’ouverture de la HKB à la création artistique sous toutes ses formes.
Dans sa contribution à cette parution collective, Antoinette Rychner, avec son texte "Brise-lames", utilise comme matière première des extraits de courriers électroniques qui lui sont adressés :
"On y entend parler d’aspects organisationnels, financiers, d’agenda, de contenu ou encore de promotion autour d’engagements professionnels, tels que lectures publiques, publications etc…, tout ce qui tient de la pratique quotidienne d’une auteure hors création, tout ce qui révèle le domaine administratif auquel on se trouve confronté-e comme artiste"
"La répétition, le flux, la rythmique de ces sollicitations sont comme des vagues ; les brisants."
"En cherchant « brisant » dans mon dictionnaire des synonymes, je suis tombée sur : « tuant », « épuisant », « éreintant », « écueil »… ce qui qualifie bien l’effet de ce flot perpétuel de mails à traiter. Un aspect « brise énergie », qui peut menacer l’énergie de création elle-même, l’usant ou la brisant"
"J’ai fait partie de la première volée de l’Institut littéraire suisse, cette formation a eu un impact fort, très positif dans mon parcours. Il s’agit pour moi d’un anniversaire important, auquel j’ai plaisir à participer. Mais ces 10 ans d’ILS correspondent aussi à environ 6 ans d’activité professionnelle comme auteure depuis la sortie de l’école, ce qui appelle à une sorte de bilan, notamment du point de vue de l’usure mentionnée plus haut. Usure non quant à l’écriture elle-même, mais à toutes les tâches et investissement d’énergie que représentent des contrats à durée déterminée, un fonctionnement par projets divers et multiples, parfois se chevauchant, souvent mal payés, des recherches de fonds, etc"
"Cela dit, dans le même dictionnaire j’ai également trouvé « brise-lames », ce que je trouve très intéressant car un artiste doit trouver à passer à travers les brisants pour mener à bien son entreprise de création et garder son élan. Une surface dure, tranchante en tête de convoi qui permet le passage de tout le navire, composantes sensibles comprises."
"Par analogie, il y a aussi dans ce texte un contre-point d’élan, de résistance, sous la forme d’une lettre manuscrite écrite par l’âme de l’auteure…"
(Antoinette Rychner)